SOS Faim aspire à un monde sans faim et promeut une alternative à l'agriculture industrielle dominante : une agriculture familiale, plus durable, résiliente et solidaire. Depuis l’adoption en 2018 par les Nations Unies de la Déclaration des droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), SOS Faim s’engage, aux côtés des mouvements paysans, pour la mise en œuvre des droits reconnus dans cette déclaration.

Bien que l’essentiel de la nourriture mondiale soit produit par une agriculture paysanne et familiale (70%), l’influence croissante des grandes multinationales de l’agro-alimentaire oriente la gouvernance alimentaire mondiale au détriment des droits des paysans. Ces droits, bien que souvent bafoués sur le terrain, sont désormais rassemblés au sein de la Déclaration des Nations Unies. Cette déclaration permet aux paysans et paysannes de réclamer les moyens de vivre de leur travail, de nourrir les populations, et de restaurer la dignité de leur travail et de leurs savoirs.

 

"Le monde entier doit avoir une redevabilité envers les femmes rurales qui ont conservé les semences qui nous nourrissent à travers les générations. "

Mariama Sonko vit dans un village de Casamance où elle mène différentes activités vivrières. Heurtée par la marginalisation des femmes pour l’accès à la terre et aux moyens de production notamment, elle s’est engagée auprès d’associations locales avant d’être élue à la tête du mouvement panafricain, Nous sommes la solution (NSS), mouvement écoféministe formé en 2011 pour plaider en faveur de la reconnaissance de la valeur de l’agroécologie : " Nous promouvons l'agroécologie et la souveraineté alimentaire en Afrique. Les femmes sont des actrices inestimables pour le développement des zones rurales ", dit-elle.

 " Ce sont les savoirs et les pratiques indigènes qui ont toujours soutenu la souveraineté alimentaire et ce savoir-faire est entre les mains des femmes. "

Son activisme n'a pas toujours été facile. Elle se souvient d'une controverse d'il y a près d'une décennie. Un propriétaire terrien avait autorisé des femmes de son village à construire un jardin sur sa parcelle pour cultiver de la nourriture qu'il vendrait et pour que les familles des femmes puissent manger.

Pendant cinq ans, les femmes ont soigné les plantes et les arbres. Puis, alors que les arbres commençaient à porter leurs fruits, le propriétaire a ordonné aux femmes de quitter la terre. " Il a fait partir les gens qui faisaient tout le travail " ! dit Sonko, avec incrédulité. Cela m'a vraiment fait mal. Mais cela ne l'a pas arrêtée. Depuis lors, son travail et son influence ont grandi. Elle aide maintenant des organisations locales à mener des projets agricoles qui augmentent les revenus des femmes.

" Les femmes travaillent si dur mais elles ne sont pas bien payées pour ce travail. Elles le font avec un grand cœur, mais elles ne sont pas reconnues. "

Rassemblant aujourd’hui plus de 500 Associations de Femmes Rurales originaires de sept pays d’Afrique de l’Ouest, le mouvement compte 180 000 membres. " Les femmes sont des actrices inestimables pour le développement des zones rurales et nous voulons valoriser leur travail inlassable : elles ont toujours travaillé dans l'agriculture sans utiliser des produits chimiques qui ruinent l'écosystème et la santé humaine. "

Mariama Sonko fait également pression sur le gouvernement pour changer la loi qui interdit aux agriculteurs d'utiliser des semences produites localement. " Nous voulons qu'ils changent la loi pour favoriser la production locale ", dit-elle.

Les politiques agricoles du Sénégal soutiennent l'agriculture à grande et à petite échelle, mais il y a peu ou pas de soutien du gouvernement pour l'agriculture écologique, dit-elle.

A travers son engagement avec NSS, Mariama accompagne des femmes dans la revendication et la défense de leurs droits.

 

Ce témoignage est issu de l’exposition « Défenseurs des Droits Humains », réalisée par un consortium d’ONG (AEIN - Aide à l'Enfance de l'Inde et du Népal, Comité pour une Paix Juste au Proche Orient, Les Amis du Tibet Luxembourg, SOS Faim Luxembourg, Frères des Hommes Luxembourg) pour soutenir l'engagement des défenseurs des droits humains.

SOS Faim y présente trois portraits de paysan.nes engagées pour la mise en œuvre des droits des paysans, tels que reconnus par les Nations Unies en 2018 avec l’adoption de la Déclaration sur les droits des paysans et paysannes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

 

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